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Interview – Mehdi Dakaev : « Si j’étais à l’UFC, je serais top 15 au minimum »

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Mehdi Dakaev, de Nice à Grozny

Le champion lightweight du Eagle FC, Mehdi Dakaev, a accordé une interview exclusive à ActuMMA. Très attaché à la France, pays qu’il a rejoint en 2014, le Tchétchène nous confie ses ambitions, ses rêves et revient sur son parcours.

Mehdi, tu navigues entre la Russie et la France. Où te trouves-tu en ce moment ?

Là, je suis à Grozny, avec une équipe concentrée sur le MMA avec Akhmat, mon club. Je suis dans l’un des meilleurs camps en Russie avec de très bons combattants en moins de 66 et 70 kilos.

Et à Nice, tu t’entraînes au Boxing Squad. Comment s’est passée ton arrivée en France ? Quand as-tu rejoint Nice ?

Aldric Cassata est mon coach. En 2014, je suis arrivé à Nice et je suis directement allé à cette salle. J’ai rencontré Aldric. Je ne parlais pas du tout français à l’époque, et je ne connaissais personne. Heureusement, j’étais avec un ami tchétchène qui faisait la traduction. A ce moment-là, il fallait 50 euros par mois pour les entraînements, et je n’avais pas les moyens. J’ai dit à Aldric : « Je ne peux pas te payer mais laisse moi m’entraîner avec toi, avec l’équipe professionnelle, et je ferai avec plaisir les tournois pour toi. » Il m’a dit de venir le lendemain à l’entraînement. Il était content de moi et a aimé ce que je faisais. Trois mois après, il m’a mis au PFC (Pancrase Fighting Championship) et j’ai gagné. Ca a commencé comme ça.

« Que ce soit à l’école ou à la boxe, je me battais toujours ! »

Tu n’as pas combattu cette année, et donc pas défendu ton titre. Pour quelle raison ?

J’ai eu un accident de voiture. C’était un gros accident et je ne savais pas que ma blessure à l’épaule était grave. Un mois après, j’ai fait une IRM et on m’a parlé d’opération. Mon coach à Grozny m’a conseillé d’aller me faire opérer en France. Je me suis déchiré le grand pectoral et je me suis fait opérer. Cela fait un an que je n’ai pas combattu, et j’espère faire mon prochain combat aux Etats-Unis désormais. Je vise un retour en mars.

Je travaille de plus en plus dur. J’écoute mon épaule, je regarde comment elle va, et j’essaye de faire attention.

Plus jeune, tu as commencé par la lutte ou par la boxe ?

J’ai commencé la boxe anglaise à 7 ans. Et à 12 ans, j’ai commencé le MMA. Donc j’avais déjà fait des combats en amateur avant d’arriver en France.

On avait une section « boxe anglaise » collée à l’école. Le matin, j’allais en cours, et le soir, je m’entrainais en boxe anglaise. Que ce soit à l’école ou à la boxe, je me battais toujours ! J’ai grandi comme ça, comme quasiment tous les Tchétchènes. En France, un combat de rue est considéré comme quelque chose d’exceptionnel. Mais ici, les enfants se battent tous les jours dehors et moi j’ai grandi comme ça.

Je n’ai jamais été à la « section lutte ». J’ai commencé le grappling et le jiu-jitsu avec Aldric Cassata, ça s’est fait comme ça.

« La lutte n’est pas un plan B. »

C’est assez paradoxal pour un Tchétchène de commencer par la boxe et non par la lutte. Comment expliques-tu ceci ?

Même en Tchétchénie, on me demande encore de quel sport je viens, quelle est ma base. Quand le MMA est né, il y avait soit des lutteurs, soit des boxeurs. Moi, j’ai commencé le MMA à 13 ans. Je dis que ma base, c’est le MMA. Je sais boxer et je sais lutter. Même pendant le combat : quand je vois que la boxe anglaise ne fonctionne pas, je vais lutter et ça va être normal pour moi. La lutte n’est pas un plan B. Et je sais que je peux finaliser en clef.

La seule chose que je n’aime pas, c’est mettre des high kicks. Vu que je ne suis pas souple, je dépense trop d’énergie en faisant ça.

Cela fait maintenant deux ans que tu as rejoint l’organisation du Eagle FC, rachetée par Khabib. Comment as-tu pu entrer dans cette organisation ?

Quand je suis retourné en Tchétchénie, mon coach en MMA m’a trouvé des combats à faire au Gorilla FC (NDLR : nom de l’organisation Eagle FC avant le rachat total de cette dernière par Khabib Nurmagomedov). J’ai fait deux combats dans cette organisation contre des Daghestanais. J’ai demandé un troisième combat, cette fois pour le titre, et entre-temps, le nom de l’organisation avait changé.

Entre Gorilla FC et Eagle FC, tu as fait un combat à l’Absolute Championship Akhmat contre Mikhail Balakirev. Pourquoi ?

J’ai fait ce combat car je devais affronter Gadzhi Rabadanov, mais il s’est blessé en septembre 2020. Et vu que j’avais fait une préparation sur plusieurs mois pour un combat de 5 rounds pour le titre, j’ai pris un autre combat afin de ne pas perdre tout ce travail. Puis en décembre, je suis retourné au Eagle pour combattre Rabadanov qui n’était plus blessé.

« Si une organisation américaine me propose un contrat, j’ai le droit de partir »

Quel est le contrat que tu as signé avec Eagle FC ? Pour combien de combats tu t’es engagé ?

Juste avant d’affronter Uzair Abdurakov, j’ai resigné un contrat de 4 combats avec Eagle. Avec une clause : si une organisation américaine me propose un contrat, j’ai le droit de partir.

Aujourd’hui dans ta carrière, tu en es à 7 victoires consécutives. Tu as 27 ans. Quelles sont tes ambitions, et ton plan de carrière ?

Je pense que si j’étais né en France, je serais aujourd’hui à l’UFC, largement. Quand tu vois que Manon Fiorot est aujourd’hui la numéro 1 mondial… Mais d’un autre côté, je ne sais pas si j’aurais été assez connu en France. Le fait d’être rentré en Tchétchénie m’a aidé par rapport à ma carrière, mais d’un autre côté, ça m’a bloqué pour travailler avec l’UFC, par rapport au passeport russe. Aujourd’hui, le fait d’être Russe est mal vu aux États-Unis, et ça complique les choses pour l’obtention du visa.

Je pense avoir le potentiel pour représenter la France à l’UFC. Petit, quand j’ai regardé le combat Junior dos Santos vs. Cain Velasquez, je me suis dit que je voulais être là-bas aussi, à l’UFC. Je kiffait les combats de Junior dos Santos. Et ce qui est marrant, c’est qu’il est aujourd’hui dans l’organisation où je suis champion !

Tu es aujourd’hui à 14-2 en carrière. Deux défaites par décision. Dont une qui remonte un petit peu : c’était en 2016, face au Français Mickaël Lebout. Qu’est-ce que cette défaite t’a apporté pour la suite ?

N’importe quel combattant invaincu supporte mal sa première défaite. C’était dur pour moi. Ce combat m’a poussé à me remettre en question, vu que Mickaël Lebout a combattu et perdu des combats à l’UFC. Je me suis demandé : « Est-ce que j’ai le niveau pour combattre là-bas ?« 

Le combat avec Lebout était un peu tendu parce qu’une fois au sol, l’arbitre nous relevait systématiquement pour combattre debout. Et c’était dur de rester debout contre lui car il était plus grand que moi.

Après cette défaite, j’ai remporté un combat contre Pablo Villaseca. Mais après, j’ai de nouveau perdu, cette fois contre Jack Grant au Cage Warriors. Après cette défaite, je me suis dit qu’il fallait changer quelque chose. J’ai donc décidé de retourner en Russie et de voir.

« J’aimerais bien combattre Justin Gaethje ou Dustin Poirier »

Tu es donc rentré en Russie pour changer des choses ?

Au Boxing Squad avant, nous n’avions pas tellement de combattants. Il y avait Axel Sola, qui est aujourd’hui au Brave. Avant, il était amateur, et je m’entraînais avec lui. Pour ma catégorie de poids, il n’y avait pas beaucoup de sparring-partners pour travailler. En Tchétchénie, quand je suis rentré, j’avais au moins 10 combattants de haut niveau dans ma catégorie pour m’entraîner.

Ta catégorie de poids, c’est les moins de 70 kilos (les lightweights). Où est-ce que tu te situes par rapport aux combattants lightweights de l’UFC ?

Si j’étais à l’UFC, je serais top 15 au minimum. J’aimerais bien combattre Justin Gaethje ou Dustin Poirier. Ou même Michael Chandler. C’est des combattants avec qui tu vas boxer, et qui ne vont pas nécessairement chercher la lutte en retour. Ils vont manger les coups et rester debout jusqu’à la fin.

Tu te laisses combien de temps pour rejoindre une organisation américaine ?

L’année prochaine, je vais essayer de me mettre d’accord avec Eagle pour faire un dernier combat, et ensuite faire autre chose. Dans un ou deux ans, je dois être l’UFC. Sinon, je vais devoir faire comme tous les combattants en Russie. Je n’ai pas envie de faire toute ma carrière en Russie. On verra si j’ai l’occasion d’aller au Bellator, au PFL ou au One FC.

« Revenir en France pour faire l’UFC Paris, ça aurait été un rêve »

On a assisté cette année au premier événement UFC en France cette année. Quand tu vois l’ampleur de cet événement, l’ambiance et la passion qu’il a suscité, ça ne te donne pas envie de participer à un tel spectacle à Paris en tant que combattant ?

Deux semaines après mon accident cette année, j’ai dit à Aldric : « Je dois être là-bas (NDLR : à l’UFC Paris) ». Paris, c’est mon rêve, au même titre que Moscou. La France est le pays qui m’a accueilli, qui m’a tout donné, et c’est là où j’ai commencé ma carrière pro. Revenir en France pour faire l’UFC Paris, ça aurait été comme au cinéma. Mais après avoir constaté que m’a blessure était grave, j’ai dû me faire opérer et abandonner l’idée de combattre cette année.

L’année prochaine, je sais qu’ils vont revenir à Paris et je relance tous les jours Aldric pour l’UFC. Moi je suis prêt.

Tu t’es entraîné avec Manon Fiorot, qui est aujourd’hui numéro 1 chez les flyweights à l’UFC, et qui devrait prochainement combattre pour le titre. Que retiens-tu d’elle ?

Vu qu’elle venait de la boxe thaï, elle ne savait pas trop lutter. Aldric me mettait avec elle pour lui apprendre la lutte. On a fait quelques sparrings légers en faisant attention.

Je suis trop content qu’elle en soit là. Elle a fait un combat magnifique contre Katlyn Chookagian.

Que pensez-vous de Mehdi Dakaev ? A-t-il le niveau pour rejoindre l’UFC selon vous ?

Jon Jones le prodige du mma

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