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Le MMA, c’est quoi ?

Acte de naissance public et principe évolutif

Le MMA, c’est quoi ? Derrière cet énigmatique acronyme (renvoyant en France à une certaine mutuelle) se cache le sport de combat ultime. Un mix entre toutes les disciplines dites de percussions (kickboxing, muaythaï, boxe etc.) et celles dites de préhensions (judo, lutte, jiu-jitsu brésilien etc.). Si cette idée de croisement des arts martiaux remonte à la nuit des temps, elle a pris forme dans l’ère moderne avec l’Ultimate Fighting Championship, dont la première édition a eu lieu le 12 novembre 1993.

Il s’agissait à l’époque de confronter les spécialistes de chaque discipline entre eux, sous forme de tournois, dans l’idée de définir un art martial dominant. Très peu de combattants étaient polyvalents à l’époque, à l’image des premières stars de la compagnie : Royce Gracie (jiu-jitsu brésilien), Ken Shamrock, Dan Severn (lutte), Tank Abbott (street fight) Kimo Leopoldo (Taekwondo). Il y avait alors un vrai clivage entre les combattants américains, dont la connaissance du combat au sol était très limitée, et les futures stars en provenance du Brésil. Dans un premier temps représenté par le jiu-jitsu triomphant de la famille Gracie (trois tournois remportés par Royce), les Auriverde passeront un palier avec des figures telles Marco Ruas ou Vitor Belfort, parmi les premiers à maîtriser à la fois le stand up et le sol.

Au fil des années, l’approche s’est modifiée, atteignant son point culminant de nos jours où les combattants émergents détiennent une formation en arts martiaux mixtes et non une seule discipline de prédilection. Considéré comme l’un des plus grands, sinon le plus grand fighter MMA de l’histoire, le Canadien Georges Saint-Pierre résume cette nouvelle philosophie par une formule : « Je ne suis pas le meilleur boxeur, je ne suis pas le meilleur lutteur, je ne suis pas le meilleur pratiquant de jiu-jitsu, mais je combine toutes ces disciplines en fonction de mon adversaire pour avoir le dessus. »

Principales règles unifiées du MMA

Contrairement à une légende répandue, le MMA dans sa version moderne a toujours eu des règles, certes minimalistes dans les fédérations pionnières commme l’UFC du milieu des années 1990 ou l’IVC au Brésil, mais bien réelles. Beaucoup de grandes interdictions ont été ajoutés à mesure des shows, souvent en réaction à des actions aberrantes apparues dans des éditions précédentes. Ainsi les interdictions des coups dans les parties intimes ou des coups de tête ont été rapidement considérées comme de bon sens. De même qu’on ne pouvait mordre son adversaire, lui tirer les cheveux ou lui adresser des doigts dans les yeux. Le catalogue n’a cessé de s’enrichir pour atteindre désormais une trentaine d’attaques prohibées, le tout sous l’égide des commissions athlétiques des états où se déroulent les galas. C’est peu ou prou ce règlement qui prévaut dans toutes les promotions américaines. Les compagnies asiatiques ou brésiliennes ont quelques variantes dans leur aménagement.

Les principales organisations en activité

Ultimate Fighting Championship – UFC (1993-…) : L’une des grandes pionnières du MMA et plus que jamais leader de la discipline aujourd’hui. À l’exception d’un léger creux dans les années 2000, l’UFC a dominé le marché durant toute son existence. Elle organise une quarantaine de galas dans l’année, et s’est très largement internationalisée, alors qu’elle exerçait seulement sur le sol américain durant sa première décennie.

Bellator MMA (2009-…) : L’actuel numéro 2 des arts martiaux mixtes. Une compagnie qui s’est fait connaître en reprenant le concept de tournois, alors abandonnées par l’UFC, puis a évolué sous une forme assez similaire à celle de son glorieux aîné.

One Championship (2011-…) : Une compagnie asiatique qui a émergé pour prendre la place du défunt Pride FC (1997-2007) dans le cœur des fans du continent, et plus largement pour concurrencer l’UFC en se basant sur des territoires où il était pas ou peu présent.

Professionnal Fighters League, anciennement World Series Of Fighting (2018-…) : La dernière-née du lot parmi les ligues américaines importantes. Son fonctionnement diffère de toutes les compagnies existantes puisqu’il s’agit ici d’un système de championnat sur l’année civile. Après combats de rodages et playoffs, des finales ont lieu dans chaque catégorie le 31 décembre. De nouveaux champions sont désignés d’une année sur l’autre, sans obligation pour les tenants du titre de concourir de nouveau.

Les principales stars « historiques » du MMA

Fedor Emelianenko : Toujours en activité à ce jour, le Russe a surtout marqué les esprits au temps de son invincibilité au Pride FC (2002-2007), compagnie japonaise qui a eu une grosse notoriété en France via ses dvd disponibles chez les marchands de journaux.

Royce Gracie : Triple vainqueur des tournois originels de l’UFC (éditions 1, 2 et 4), le roi du jiu-jitsu brésilien est aussi rentré dans la légende pour son duel durant 1h30 (six rounds de quinze minutes !) face à Kazushi Sakuraba au Pride GP 2000.

Ken Shamrock : Le premier fighter américain à avoir tenu la route sur le plan international. Ex-Superfight Champion de l’UFC (ancêtre du titre poids lourds), mais aussi King of Pancrase au milieu des années 1990, du nom de la ligue japonaise pionnière en matière de MMA. On peut aussi citer son frère adoptif Frank Shamrock, champion mi-lourds de l’UFC première mouture et globalement plus technique.

Bas Rutten : Une influence portant sur une petite période seulement (de 1993 à 1999) pour cause de retraite prématurée, mais quel impact ! Comme les frères Shamrock, il aura construit sa légende au Pancrase comme à l’UFC, se retirant en tant que champion poids lourds à 34 ans. Connu pour son striking diversifié comme son jeu au sol redoutable (13 victoires par TKO/KO, 12 par soumission).

Randy Couture : Star de la discipline au parcours accompli (trois fois champion poids lourds et deux fois tenant des mi-lourds à l’UFC), ce lutteur de renom s’est retiré de l’Octogone en 2011 et se consacre à des seconds rôles au cinéma.

Wanderlei Silva : Sans aucun doute le combattant le plus adulé en France et dans le monde du temps de sa superbe (1997-2007) à l’International ValeTudo au Brésil ou au Pride FC au Japon. Malgré des résultats en dents de scie, sa pige à l’UFC entre 2007 et 2013 a renforcé sa légende.

Anderson Silva : Sans lien de famille avec le précédent cité, ce Brésilien répondant au surnom de « The Spider » a réalisé le plus long règne de champion de l’histoire de l’UFC. Devenu roi des poids moyens à l’automne 2006, il ne perdra sa couronne qu’à l’été 2013 ! Son style très complet et son charisme en ont fait un intouchable du milieu.

Tito Ortiz : L’une des principales icônes de l’UFC dans la première moitié des années 2000, époque où il dominait la division des mi-lourds. Son style, essentiellement tourné vers la lutte et les coups de coude au sol, est un peu tombé en désuétude à mesure de l’arrivée des nouvelles générations. Il reste néanmoins respecté en tant que précurseur et showman.

Chuck Liddell : Une machine à distribuer des KO, le tombeur à la fois de Randy Couture et de Tito Ortiz chez les mi-lourds. Son règne semblait devoir continuer éternellement, puis il fut cueilli lui aussi par la nouvelle génération. Symbole du « MMA à papa », celui où il n’était pas nécessaire d’être bon dans tous les domaines.

Kazushi Sakuraba : Issu du catch, ce japonais au physique atypique (proche d’un welter mais défiant le plus souvent des mi-lourds) a été l’une des principales icônes du Pride FC, puis du Dream, ligue assurant la filiation avec son défunt aîné. Particulièrement connu comme « The Gracie Hunter » pour avoir vaincu quatre membres de la fameuse famille brésilienne.

Mirko « Cro Cop » Filipovic : Adepte de kickboxing, le Croate aura longtemps été perçu comme un « roi sans couronne » du MMA, puisque considéré parmi les meilleurs sans avoir remporté le titre suprême à l’UFC ou au Pride FC. Il reste néanmoins le grand vainqueur du Pride GP 2006 et l »homme aux high kicks fabuleux : « Pied droit hôpital, pied gauche cimetière ! ».

Georges Saint-Pierre : le Canadien, débarqué sur le circuit au début des années 2000, a amené cette discipline à un autre palier : celui de l’intelligence de combat pure. Champion incontesté des poids welters entre 2008 et 2013, moment où il prend de la distance avec son sport, il revient conquérir le championnat poids moyens en 2017. Depuis, on espère un nouveau come-back, notamment pour défier Khabib Nurmagomedov, actuel roi des poids légers.

Ronda Rousey : Star internationale de judo, médaillé Olympique à Pékin en 2008, l’Américaine est devenue la première grande légende féminine du MMA (avec Cristina « Cyborg » Justino) durant la première moitié des années 2010. Sa spécialité était la clé de bras, le plus souvent exécuté victorieusement dès le premier round. Son striking limité lui aura cependant été fatal.

Mériteraient aussi d’être mentionné plus longuement Matt Hughes (double champion poids welters de l’UFC), BJ Penn (ancien tenant des welters et des légers à l’UFC), Rodrigo « Minotauro » Nogueira (ancien champion poids lourds du Pride FC, spécialiste des finishs par soumission).

Les principales stars actuelles du MMA

Conor McGregor : Impossible d’être passé à côté de la grande gueule irlandaise. Roi du trash-talking, mais aussi de la cage à son meilleur niveau (double champion légers/plumes au britannique Cage Warriors puis à l’UFC), Notorious a crée un buzz sans précédent en défiant Floyd « Money » Mayweather en boxe anglaise à l’été 2017. Revenu depuis à des ambitions plus mesurées.

Jon Jones : Un personnage controversé à n’en pas douter (affaires de mœurs, dopage) mais surtout le roi de la polyvalence au sein d’une ère de combat. Plus jeune champion de l’histoire de l’UFC en 2011 (23 ans), et indétrônable depuis (avec des interludes pour cause de suspensions), Bones règne sur les mi-lourds comme personne avant lui.

Khabib Nurmagomedov : Débarqué à l’UFC début 2012 avec une fiche de 16-0, le Russe a construit pas à pas sa légende pour apparaître désormais comme une des figures majeures de la compagnie. Auréolé désormais d’un impeccable 28-0, le champion poids légers se donne quelques combats avant de conclure (idéalement) sa carrière invaincu.

Alistair Overeem : Le poids lourd Hollandais affiche une longévité impressionnante et possède sans doute l’un des meilleurs strikings de sa division. Star infortuné au Pride FC et à l’UFC, il aura glané le titre majeur au StrikeForce (ligue de MMA importante entre 2006 et 2013) et remporté le tournoi K-1 World GP (compétition de kickboxing) en 2010.

Francis Ngannou : L’histoire de ce Franco-Camerounais, passé en quatre ans de la rue au statut de challenger au titre poids lourds de l’UFC, a fait grand bruit. De nouveau sur la pente ascendante, il peut garder l’espoir de conquérir le titre suprême.

Mauricio « Shogun » Rua : L’une des rares stars du Pride FC (vainqueur du Pride GP 2005) à avoir réussi sa transition à l’UFC, où il est devenu champion des 93 kg en 2010. Son style spectaculaire et son inépuisable débauche d’énergie en ont fait un favori éternel de la foule, résultats positifs ou non.

Israel Adesanya : L’actuel champion poids moyens serait selon pas mal d’analystes la synthèse parfaite entre Anderson Silva et Jon Jones. Après avoir gravi les échelons quatre à quatre en 2018 et 2019, le Nigérian invaincu (18-0) doit confirmer dans le rôle du chassé.

Nate Diaz : Son retour fracassant en 2019 (après trois ans d’absence) a rappelé à tout le monde qu’il méritait ce statut de star. Hors-normes par son hygiène de vie censée être rédhibitoire pour un combattant de haut niveau, le bad boy de Stockton est avec son frère Nick une parcelle de légende des arts martiaux mixtes. Mentionnons aussi et surtout son art de la boxe anglaise dite « sale » mais efficace, son goût pour la provocation, et ses aptitudes excellentes au sol.

Jorge Masvidal : Toute une carrière dans l’ombre ou presque…puis un fracassant KO par coup de genou en cinq secondes en 2019 et voilà son nom sur toutes les lèvres ! Depuis ce fameux succès sur Ben Askren, Masvidal a dominé Nate Diaz pour gagner l’atypique championnat BMF (« Best Motherfucker », en gros le titre du plus rude combattant).

Amanda Nunes : la star féminine ultime, synthèse parfaite entre la férocité de Cristina « Cyborg » Justino et la judoka Olympique Ronda Rousey. Il y aura un avant et un après Nunes pour ce qui est de la perception de la présence des femmes dans ce sport. La Brésilienne est double championne UFC (poids plumes et coqs) et compte défendre les deux titres durant plusieurs années encore.