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Chronique MMA: l’échange Ben Askren/Demetrious Johnson ouvrirait-il une nouvelle ère dans le monde du MMA ?

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En guise d’introduction, nous tenons à vous signaler que cette rubrique traitera occasionnellement de sujets allant « en profondeur » dans le milieu du MMA mondial, sous tous ces aspects, qu’ils soient sportifs ou économiques. Ils seront toujours basés sur des sources fiables et fournies (les fameux bouts de texte orange) mais prendront également en comptes certains avis de spécialistes ou de fans sur les réseaux sociaux. Le but étant toujours d’apporter une certaine réflexion un minimum détachée de la communication orientée qui existe de nos jours dans tous business à échelle internationale.

Le premier thème choisi est donc l’information tombée hier, à savoir un éventuel transfert entre l’UFC et le ONE FC concernant les combattants Demetrious Johnson et Ben Askren. Bien que l’info ne soit pas encore officielle, la rumeur gronde depuis 2 jours, lorsque le champion des poids moyens de l’organisation asiatique a répondu à un fan sur tweeter avoir 98% de chances de combattre à l’UFC sous peu. Le buzz relayé sur la plupart des plateformes de média MMA a été suivi d’une rumeur encore plus insistante. L’UFC échangerait l’ancien champion des poids-mouches Demetrious Johnson pour obtenir Askren.

Même si l’info capote dans les jours à venir, le débat semble être bel et bien lancé sur la toile: est-ce une nouvelle ère qui s’ouvre sur le marché mondial du MMA ?

Cette question est légitime sur plusieurs points historiques vis-à-vis du développement économique (extraordinairement croissant) de ce sport ces 15 dernières années. Certains évènements ou décisions ont bouleversé le fonctionnement mondial à des moments clés, parfois sans que l’on s’en rende compte (et dont nous pourrons discuter sur d’autres chroniques à venir). Et le principal intervenant de ces changements est évidemment l’UFC, leader sur le marché depuis 2006. Dès cette date, « l’ogre » UFC s’est imposé comme incontournable, voire même omnipotent, au point qu’un recours collectif ait été porté devant un tribunal en 2015 pour « monopole abusif« . Le procès toujours en cours, nombre d’observateurs ont tout de même remarqué que l’UFC laisse plus de champs libres à la concurrence depuis cette année-là (année de la vente de l’entreprise également), autorisant notamment à certains combattants de signer pour d’autres organisations (choses qu’elle ne permettait qu’en fin de carrière par le passé) ou en ayant une communication moins discriminante envers la concurrence.

Quel est donc le lien avec le sujet de cet article me direz-vous. Et bien il est très simple: un transfert de combattants avec l’organisation numéro 3 au monde (voir même numéro 2 s’il on ne se fie que sur les audiences TV) n’étaient qu’une simple utopie, voir un fantasme il y a ne serait-ce que 5 ans en arrière. Si le rachat systématique de la concurrence était un premier pas dans la fin des années 2000 (PRIDE FC, WEC, ELITE, …), c’est dans la première partie des années 2010 que l’UFC a véritablement affirmé son autorité sur le marché du MMA. Par des contrats très exclusifs signés avec les combattants (qui pour pouvoir combattre au top niveau acceptaient certaines clauses restrictives), les organisations concurrentes ne pouvaient sortir la tête de l’eau que quelques mois, avant de voir leur roster se faire aspirer par la firme du Nevada.

Durant cette période, les combattants n’avaient pas 36 solutions pour devenir les meilleurs du monde. Il leur fallait signer à l’UFC et ne combattre que pour eux. S’ils ne performaient pas, l’UFC pouvait soit les libérer, soit les garder, mais en aucun cas les partager. Certains combattants restaient inactifs, mais ne pouvaient signer pour d’autres promotions, l’UFC ne souhaitant pas que les organisations concurrentes profitent de cette plus-value. Pire, lorsqu’un combattant arrivait en fin de contrat, l’UFC avait le droit de le conserver s’ils proposaient une offre équivalente à la concurrence. Le cas le plus notable de cette situation fut Gilbert Melendez en 2013, le premier a trouver la faille dans ce système. Combattant de renom, avec une popularité conséquente, l’américain n’était pas satisfait de l’offre de prolongation proposée par l’UFC. Il décida donc de signer avec le Bellator (désormais Bellator MMA) avec une rémunération supérieure à la clé. L’UFC s’est donc vu obligé de s’aligner sur les termes du contrat proposé par le « Bella » pour garder l’ancien champion du Strikeforce, qui a du coup remporté au passage une augmentation de ses rémunérations par combat. L’UFC a préféré céder qu’offrir un combattant « rentable » à un concurrent. Et ce cas de figure, médiatisé car il concernait une star, s’est reproduit maintes fois pour d’autres combattants de moindre envergure.

Face à cette situation, peu de solutions furent trouvées. Car, si l’UFC maintenait une rémunération globale bien supérieure à ce qu’offrait la concurrence, les revenues engendrés par l’organisation semblait tendre vers un partage de la richesse bien en dessous de ce qui se pratique dans les autres sports majeurs sur le sol US. Et si certains combattants l’ont vivement dénoncé (Brendan Shaub, José Aldo entre autres), que d’autres aient tenté de créer une association de combattant destinée a défendre les droits et les rémunérations des sportifs (Ryan Jimmo), aucun d’eux n’a eu l’assise ou les ressources nécessaires pour arriver à renverser le rapport de force.

Or, depuis que d’anciens combattants et promoteurs ont uni leur force dans un procès visant les lois antitrust (Cung Lee en tête de liste) en 2015, il semblerait que l’UFC se soit décidée à offrir un peu plus d’espace « au reste du monde ». Le but de la démarche reste pour l’instant subjectif à chacun, tant que le verdict final n’a été rendu. Il n’empêche que les agissements de l’UFC semblent bien différents de ce qu’ils ont pu montrer par le passé. Sans omettre le changement d’actionnaire principal entre temps, il est clair qu’un virage à été annoncé lorsqu’au cours des dernières années, plusieurs combattants encore dans la force de l’âgé ont pu signer ailleurs et être rentables pour leur nouvelle promotion. Si désormais, des transferts se mettaient en place, c’est bel et bien une nouvelle ère qui s’ouvrirait.

Ne nous leurrons pas, l’UFC souhaitera toujours conserver ses combattants les plus vendeurs. Mais le « ventre mou » de chaque division pourrait permettre d’une part une plus grande visibilité un peu partout dans le monde, mais également une rémunération revalorisée pour un plus grand nombre. Pourquoi pas voir des co-promotion « UFC-Concurrent » pour des combats champion contre champion, que le Ali act (loi préservant les boxeurs de leur promoteur) soit enfin appliqué au MMA (le lobby UFC a toujours été contre), le futur de notre cher sport ne pourrait que s’en porter mieux.

Le format de la boxe anglaise tant décrié par les dirigeants de l’UFC durant des années est peut-être finalement en train de se mettre en place pour la décennie à venir. Et que ce soit les fans ou les combattants, ce ne pourra être qu’une évolution positive pour tout le monde.

Comment(3)

  1. J’allais écrire exactement les meme mots que m’en commentaire précédent : très bon article !
    Je vous encourage à en rédiger d’autres du style !! Je trouve que ce site est le plus complet de tous les sites parlant de MMA, avé ça énormément d’articles, les news en direct, bien rédigés (et quasiment pas de cassos dans les commentaires !)
    Je pense aussi qu’il sera de plus en plus consulté si vous continuez d’en poster des articles le d’en cette qualité 🙂

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