Baptiste Cheval, le Français qui fait trembler les rings New-Yorkais

Une gueule d’ange, alliée à une élégance brute mais surtout orchestrée par une détermination à toute épreuve, Baptiste Cheval, pugiliste amateur français, connaît une véritable ascension. Boxant depuis quelques années aux États-Unis, le Normand a remporté les Golden Gloves de New York le 12 avril dernier. Désormais, son regard se porte vers les sommets dorés du Noble Art. Un royaume de lumière qu’il franchit sous l’impact des coups, non pour la gloire, mais pour l’amour des siens.
« Je veux rendre mon fils fier » , tonne-t-il. Et c’est l’heure. Il monte sur le ring, pour les Golden Gloves Nationaux de New York, au mythique Madison Square Garden. Déjà champion de cet État, chez les -75 kilos, il a l’occasion de cimenter son statut de champion, face au quadruple champion de New York, Israel Bailey. Mais Baptiste Cheval est préparé. Auteur de plus de 40 combats en amateur, l’impact des coups n’est nul autre que son quotidien.
Un combat pour écrire l’histoire
Dès lors que le gong sonne, la guerre démarre. Dans un combat de 3 rounds de 3 minutes, il est important de bien démarrer. En ce contexte, c’est son adversaire qui se démarque en premier. « C’était la 4e fois qu’on s’affrontait, on se connaissait par cœur. Donc il gagne le premier round, mais je remporte le 2e. Il fallait que je donne tout pour le dernier. » En revanche, la dernière reprise commence de la pire des façons. Le Normand prend un avertissement pour accrochage. Et quand tout semble s’éteindre, il suffit d’un ami pour tout raviver. « Mon ami Bastien Martinez qui était dans le coin me dit : ‘On s’en fout de l’avertissement. Donne tout, ça va le faire’. » De là, ‘Centaure’, de son surnom, accélère le rythme et touche durement son adversaire à plusieurs reprises. Arborant une boxe de gaucher, teintée par une garde Philly Shell certaine, le Français esquive les coups et surpasse son adversaire. Toucher sans se faire toucher, tel est son adage. Un style qui lui permet de sortir vainqueur du combat, et de devenir champion des Golden Gloves de New York : « C’est le fruit de beaucoup de sacrifices cette victoire« , déclare Baptiste. « C’était incroyable. »
« Je suis classé 5e meilleur boxeur des États-Unis »
Si Baptiste Cheval s’est incliné face à Frank Espinoza par décision partagée, lors des Golden Gloves Nationaux, le Français a également remporté les Nationaux du Colorado. Un tournoi lui permettant de faire un bond dans les classements. « Je suis classé 5e meilleur boxeur des -75 kilos aux États-Unis. Et je devrais passer 3e bientôt. » Aujourd’hui âgé de 26 ans, l’avenir du boxeur semble radieux. Pourtant, le début de son aventure pugilistique ne sonnait pas comme une évidence.

La boxe, une passion qui a mis du temps fleurir
Tel un Ulysse des temps modernes, dont les plus avertis y verront une allégorie avec le pugilat, Baptiste Cheval n’a pas tout de suite accepté son Odyssée. « Mon père m’a mis à la boxe parce que je me battais beaucoup » , affirme Baptiste. « C’était n’importe quoi dans mon club de boxe. On faisait des 2 vs 1. J’étais le petit nouveau, donc ils cherchaient juste à me tabasser. Je finissais tout le temps en sang. J’avais vraiment la boule au ventre quand j’y allais. » Là où certains auraient abandonné, ‘Centaure’ s’est accroché. Le Noble Art allait faire partie de sa vie. « Quand j’ai commencé à avoir de l’expérience et que des amis sont arrivés, je prenais du plaisir. D’ailleurs, tous ceux qui me frappaient quand je suis arrivé, je les ai tous tabassés par la suite.«
Quand on parle du storytelling des boxeurs, il est souvent question de drames modernes : du sang, des larmes et de la violence. Terence Crawford, actuel numéro 3 Pound for Pound, peut en attester. Frappé par sa mère dès son plus jeune âge, enfiler les gants était pour lui sa raison d’être. Mais pour Baptiste, rien ne l’obligeait à se diriger dans cette danse pugilistique. « J’avais un travail incroyable. Je m’occupais de la rééducation sportive d’un multimillionnaire (Michel). C’était dur des fois mais j’avais beaucoup d’avantages. Une piscine dans son salon, une Jaguar en voiture de fonction et mon appartement dans la maison. Cette personne m’a d’ailleurs apporté beaucoup de choses. » Naturellement, cette situation le plaçait dans une zone de confort, l’éloignant ainsi du Noble Art. Conscient de cela, Baptiste Cheval décide alors de quitter son travail. « Mais j’avais l’impression d’avoir déjà fait mon temps. J’avais gagné les championnats régionaux et j’avais fait un très bon combat en amateur contre Moreno. J’avais quelque chose à faire en boxe. »
Les États-Unis, une destination pour forger sa boxe
Mike Tyson, Riddick Bowe ou encore Jake LaMotta, on ne les compte plus, les grands champions de boxe qui proviennent de New York. Elle est l’élixir qui coule dans les veines du Noble Art. En ce contexte, Baptiste Cheval, pugiliste en Normandie, décide de passer le cap et vivre son aventure. « C’est dans ce pays où y’a le plus haut niveau. À l’origine, je devais juste faire un stage chez Boxing Culture. Mais je me suis fait recruter par l’un des meilleurs clubs de boxe : le New York Athletic Club. »
Et tout comme Thibaud Verhalle, le boxeur normand a fait la rencontre de Frédéric Julan, qui orchestre Boxing Culture. Pour lui, cet entraîneur et boxeur professionnel français lui a fait passer un véritable cap : « Je lui dois une grande partie de mes accomplissements. Il m’a toujours aiguillé, comme un membre de la famille. Et c’est toujours dans nos intérêts. Il a vraiment une bonne vision de la boxe. » Nanti de relations influentes dans le monde de la boxe, le chef du projet de Boxing Culture permet à Baptiste de s’entraîner avec les plus grands. « J’ai sparré avec Richardson Hitchins, l’actuel champion du monde des super-lightweights. Cela m’a permis de me comparer au haut niveau. »
Le prochain objectif : passer professionnel
Après avoir acquis une grande expérience dans les rangs amateurs, Baptiste souhaite désormais se tourner vers le circuit professionnel : « Je vais bientôt passer pro. Maintenant j’attends les offres promotionnelles. Mon entraîneur est en négociations avec certaines promotions. Quand je vais rentrer à New York, je prendrai une décision. Ça serait le top une promotion américaine, comme Top Rank par exemple » , tonne le combattant.
« Je veux que mon fils soit fière de moi »
Dans une époque où les réseaux sociaux règnent en grande partie dans le monde de la boxe, Baptiste Cheval a créé une chaîne YouTube pour se promouvoir, mais également pour son fils. « Je veux que mon enfant puisse voir mes vidéos et soit fier de moi. Je veux qu’il se dise : ‘Oh, c’est mon papa’. » Le Français veut notamment partager un message à la jeune population : « J’essaye de retranscrire certaines valeurs pour inspirer les petits jeunes. Et puis c’est une trace de mon parcours. »
Baptiste Cheval a été l’auteur d’une pièce de théâtre teintée de sacrifice. Travailler à l’usine pour financer son aventure aux États-Unis, donner des cours de boxe chaque jour pour payer son loyer et s’entraîner pour réaliser son rêve : tel est son état d’esprit. Il monte sur le ring pour les siens, et se laisse guider par « l’odeur de la mort chez ses adversaires. » Son avenir est certain.
